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La Grande Parade |
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Attentats : quand l’utopie vivre-ensembliste se fracasse sur le mur de la réalité. Par Moulin |
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Pour
rendre compte de ce qui se passe en France actuellement, il n’est pas de
meilleur ouvrage que La Grande Parade,
livre que Jean-François Revel a publié en l’an 2000 aux éditions Plon. Le
sous-titre, « Essai sur la survie de l’utopie socialiste », en éclaire
le sens. Souvenez-vous des analyses, discours, études qui ont suivi la
disparition de l’URSS. « Ce n’est pas le vrai communisme qui a
échoué » ; « Marx n’a rien à voir avec l’URSS et les pays de
l’Est » ; « Marx (ou Lénine) est innocent des crimes commis en
son nom » ; « la fin du communisme dévoyé laisse le champ
libre au vrai communisme (ou au vrai socialisme) » ; « le
capitalisme a tué plusieurs centaines de millions d’innocents, dix, vingt, cent
fois plus que le communisme » ; « l’ennemi, ce n’est pas le
socialisme, c’est le libéralisme » ; « Marx est le prophète du
XXe siècle ».
Remplacez
Marx, faux communisme, vrai communisme, par Mahomet, islamisme radical, islam,
Coran, charia, et vous constatez que rien ne change. A peine Le Livre noir du communisme publié, ont
été mis en vente deux livres noirs, celui du capitalisme et celui du colonialisme.
Mais les auteurs de ces deux derniers livres n’ont pas osé publier un livre
noir du négationnisme : ils auraient dû s’y mettre à la première place. Un
médiocre sociologue, dénommé Bourdieu, a été sorti du bocal de naphtaline où il
croupissait pour enseigner le nouveau marxisme léninisme de conception immaculée.
Socialistes, communistes, écolos, gauchistes, etc. ont organisé les
manifestations de 1995 et les grèves (du « service public ») par procuration
qui accompagnaient ces manifs ; ils ont fait gagner le vrai socialisme de
1997 ; en instaurant les 35 heures, ils ont renoué avec le vrai communisme,
etc.
Parade est un terme de manège ou
d’équitation ou d’armée et c’est aussi un terme d’escrime. La parade ou action
de parader, c’est la montre, l’exhibition, l’étalage, la manif monstre. La
parade ou action de parer (un coup), c’est du savoir-faire un peu magouilleur.
La première verse dans la vanité, la comédie, le burlesque, la fausseté et le
mensonge ; la seconde, celle qui permet de contrer une botte qui pourrait
donner la victoire, est une affaire de ruse. Le Logos (l’action de parader) ne s’oppose pas à la Métis (l’action de parer) ; il y
ouvre la voie.
Le 11
janvier, la France a connu une colossale inflation de Logos et de Métis, de
parade étalage de grandes émotions et de parade d’escrime. On s’est montré dans
les rues et sur les écrans du monde entier, on a défilé, on a fait dans
l’exhibitionnisme, on a versé des torrents d’indignations, on a étalé sa moraline,
on a larmoyé. Rien de cela, évidemment, n’est gratuit. Il fallait que survive
« l’utopie socialiste ». A la fin du XXe siècle, l’utopie socialiste
a changé d’apparence. Elle s’est maquillée d’antiracisme ; elle est
devenue multiculturelle ; son horizon est le vivre-ensemble. Les tueries
des 7, 8, 9 janvier et les événements tragiques des mois précédents (à Créteil,
Bruxelles, Toulouse, etc.) ont montré que l’utopie antiraciste consistait en la
promotion d’un racisme primaire, le racisme le plus virulent qui soit et ait
jamais été, celui d’une communauté que Mahomet a qualifié de « meilleure
communauté qui soit au monde », que l’utopie multiculturelle se ramenait à
la domination d’une monoculture, unique et totalitaire, celle de l’islam, que
l’utopie vivre-ensembliste donnait la préférence à des communautés qui
n’aspirent qu’à purifier les cités et les quartiers où elles sont établies. C’est
cette utopie que la Grande Parade a essayé de préserver. Le coup, qui aurait dû
la tuer les 7, 8, 9 janvier, a été paré. Plutôt que de faire écouter pendant
plus d’un an Sarkozy, l’avocat de Sarkozy et tous les amis de Sarkozy, le
Président et la Taubira auraient mieux fait de faire écouter les tueurs. Ils auraient
évité les tueries. Survit pour quelque temps encore cette utopie qui n’a
pas d’autre but que de forcer les Français à partager leur pays avec des
peuples qui haïssent la France et ses habitants.
Hollande,
le 11 janvier, ont dit les commentateurs autorisés, a cessé d’être normal pour
revêtir un costume de président. Ah bon ! Qu’a-t-il fait d’autre, sinon organiser
une grande manif, à laquelle il a invité à participer quelques chefs d’Etat ou
de gouvernement, dont certains haïssent la liberté, le blasphème, l’égalité des
citoyens en droit. Un président qui rabaisse sa fonction au niveau de celle des
organisateurs de techno-parades, ce n’est pas un président, c’est un bateleur
ou un bonimenteur ou un manipulateur. Il y aurait eu quatre millions de manifestants,
ou plus, dans les rues, mais 62 millions de Français, subodorant sans doute la
manipulation, sont restés chez eux. Seul un Français sur 15 a répondu à l’appel
du Grand Manipulateur. C’est peu d’un point de vue quantitatif.
En
République, l’union ou l’unité nationale se célèbre sur les Champs-Elysées.
C’est ce qui s’est fait le 14 juillet 1919 ou le 26 août 1944 et ce qui se fait
tous les 14 juillet. Le 11 janvier, l’Elysée a fait parader les siens de la
Place de la République à la Place de la Nation, dans les lieux
« sacrés » de la « gauche », du gauchisme, du communisme,
de l’écologisme politique, de l’utopie socialiste. L’union n’avait rien de « nationale »,
mais tout d’une union de la gauche, renforcée par quelques idiots utiles. La
République est bien malade pour que son Président tombe aussi bas. Bientôt il
rampera. Il a déjà commencé à se prosterner devant les musulmans dont il a dit
qu’ils étaient les victimes des tueries. Le 8 mai 1945, personne n’a osé dire
que les victimes du nazisme étaient 1) les nazis, 2) les Allemands.
En 2015, soixante-dix après, le Manipulateur ose le dire.
La grande
parade a été organisée aussi par les médias. Ils en ont fait leur affaire :
des torrents d’images larmoyantes pendant 24 heures sur 24 heures, et ça a
continué le lendemain, le surlendemain, une semaine plus tard… Les médias ont
réussi à se faire passer, avec les musulmans, pour les victimes de la tuerie du
7 janvier. Si, ce jour-là, les Kouachi avaient tué, comme à Toulouse en 2012,
des enfants juifs, il n’y aurait pas eu de manif. Chacun connaît les noms des
victimes du 7 janvier 2015, personne n’a jamais su les noms des victimes du 19
mars 2012 – et pourtant, c’était des enfants. La « mobilisation » du
11 janvier a eu pour moteur le corporatisme médiatique, rebaptisé pour
l’occasion « défense de la liberté d’expression ». Or, les dessinateurs
de Charlie Hebdo ont été exécutés. C’est une autorité judiciaire qui, par une
« fatwa », les a condamnés à mort. Ce sont des martyrs de la tyrannie
islamique. La Grande Parade, c’est l’Assomption des médias rois ou
demi-dieux : ils ne sont pas un « contre-pouvoir », mais le
pouvoir, le seul, celui domine tous les autres. Ou s’ils sont un « contre
pouvoir », c’est au sens « locatif » du mot contre : ils sont contre le pouvoir, tout contre, dans le même
lit, le Président et les ministres ayant presque tous des compagnes ou des
maîtresses (ou des amants ?) dans les médias.
© Moulin
pour LibertyVox
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