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Du déclin de la France. 3- L’éducation |
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Troisième et dernier volet de l’article de Martin Birnbaum consacré au déclin de la France. Aujourd’hui : l’éducation. |
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Identifier les causes du
déclin pour essayer de changer la donne. L’éducation fut l’un des trois
facteurs principaux, avec l’Eglise et l’armée, pendant presqu’un siècle, de
l’intégration des immigrés dans notre pays et, pour les autochtones, le
principal « ascenseur social ». Quitte à être taxé de
« déclinologue » essayons de comprendre pourquoi la France suit une
spirale descendante à l’inverse des principaux pays du monde occidental.
Quelques données donnent
une idée des « moyens » consacrés.
Le nombre total
d’enseignants était en 2014, selon l’Insee, de 925.783, dont 74,3% de femmes. On
compte 9,9 élèves par enseignant, contre 13,7 en Allemagne, 13 en Italie, 16,7
en Finlande et 17,1 au Royaume Uni. Selon Eurostat, la comparaison est encore
plus défavorable à la France pour le nombre d’établissements, leur taille, leur
composante administrative, les effectifs et coûts de fonctionnement.
Les « moyens »
ne sont pas ce qui manque le plus. La France est seule en Europe à disposer
d’un ministère de l’éducation employant plus de 1,2 millions de personnes, ce
qui en fait le deuxième ou troisième employeur mondial après les armées russe
et chinoise... Il est dirigé « en
cogestion » par le ministre et les syndicats, de gauche naturellement, qui
défendent les intérêts des personnes employées plus que ceux des élèves qui
leur sont confiés. Depuis 1984, sous Chevènement, la part de l’éducation
nationale dans le budget de l’État est passée de moins de 2% à 6,8 % du PIB,
soit 146 milliards € en 2014 (education.gouv.fr).
Que fait-on avec cet
argent ? 75% est consacré aux salaires, 8% à l’investissement et le reste
aux dépenses administratives. Pour quel résultat ? Environ 15% des élèves
sortent prématurément des cycles de l’enseignement ; on compte, à l’entrée
en sixième ou au collège, entre 20 et 30% d’élèves « en difficulté » pour
lire ou calculer (France, Portrait Social, INSEE). Dans l’enseignement
supérieur on dépense 13.873€ par étudiant. La France dispose de 1 enseignant
pour 11,02 étudiants, tandis que l’Allemagne se contente d’un enseignant pour
quinze étudiants… 300.000 étudiants sont entrés à l’université en 2013/14 (education.gouv.fr)
mais seulement 43,8% sont passés en deuxième année : le coût induit par ce
« rendement » est d’environ
2,4 Milliards € par an. C’est le prix de l’interdiction de la
« sélection », posture idéologique de gauche, un avatar de l’État
providence. D’un côté on produit des élèves « en difficulté », de
l’autre des « déchets ». Que dirait-on d’une entreprise qui se
permettrait de tels « rendements » ? Et souvenez-vous de la promesse de François Hollande
avant son élection : 60.000 enseignants de plus pendant le quinquennat.
Nous avons dilapidé des
moyens énormes pour des résultats indignes de nos traditions. C’est le cas des multiples
« réformes » de l’enseignement. Depuis Edgar Faure, en 1968, pratiquement
chaque ministre, quand ce n’était pas un comité ou une commission, a fait la
sienne, jusqu’à Najat Vallaud-Belkacem qui trouve urgent de liquider l’accent
circonflexe et met en place une reforme qui réduit le nombre d’heures consacrées
au français à 3,5, soit deux fois moins qu’en 1947. En tirant le niveau de tous
vers le bas, elle pense atténuer les inégalités sociales.
Les élites schizophrènes qui
propagent la vulgate socialiste, ne veulent pas rompre avec les vieilles lunes
marxistes, mais se complaisent dans l’économie de marché. Elles ont contribué,
ô combien, à notre dégringolade économique et culturelle. Le drame, c’est que
l’avenir du pays est affecté, l’héritage laissé par les anciens n’est plus
transmis, l’influence de la France sur les affaires du monde s’estompe, « l’ascenseur
social » disparaît. Le classement PISA 2013 fait de la France la
championne des inégalités dans l’éducation. Il souligne que les élèves issus de
l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les
élèves en difficulté… ils sont 43% et tirent notre classement vers le bas. Nous
sommes au 22ème rang pour le niveau de connaissances des 25-34 ans
quand Israël est 8ème. (OCDE 2015) !
D’évidence, le manque
d’éducation contribue à accélérer la descente du pays sur la spirale du déclin.
La France a dérivé vers une organisation absurde : sur 577 députés, 297 au
moins sont enseignants, fonctionnaires, retraités de la fonction publique ou
cadres techniques de l’Etat. Comment croire que plus de la moitié de
l’Assemblée Générale prendrait une initiative ou accepterait de voir rogner ses
privilèges ? Karl Marx disait qu’ « aucun groupe social ne renonce de
son propre gré à une parcelle de son pouvoir ». Rien n’est épargné à notre
société qui croule sous ses propres turpitudes. Entre-temps… le déclin !
© Martin Birnbaum pour
LibertyVox
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